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Facile à digérer : les neutrons révèlent comment le corps humain assimile les protéines végétales.

Une nouvelle publication apporte une contribution importante à la compréhension du traitement physiologique des aliments d'origine végétale. CeS résultats pourront être utilisés pour optimiser la production, améliorer la digestibilité des protéines végétales et, par conséquent, la valeur nutritionnelle des plats végétariens et végétaliens.

Au cours des dernières décennies, les preuves des nombreuses difficultés associées à une surconsommation de produits d'origine animale tels que les produits laitiers et la viande n'ont cessé d'augmenter. En conséquence, de plus en plus de personnes adoptent des régimes alimentaires à base de plantes. Le soja, le blé et le pois sont des sources de protéines populaires pour les plats et les produits végétariens et végétaliens. Afin d'optimiser leur valeur nutritionnelle, il est essentiel de comprendre comment elles sont digérées par le corps humain.

Une équipe de chercheurs suédois a eu une idée très simple, mais complexe : « Nous voulions simuler un estomac humain "sur une paillasse de laboratoire" et observer ce qui arrive aux produits d'origine végétale pendant la digestion dans un environnement acide – ce qui est exactement ce que notre nourriture rencontre lorsque nous la consommons », explique Davide Schirone, chercheur postdoctoral à l'Université de Lund en Suède et premier auteur de l'étude.

Avec ses collègues, il a réussi : les scientifiques ont déposé un gel de protéine de pois, obtenu en chauffant un mélange de protéines, sur une minuscule puce microfluidique – une plateforme miniature conçue pour manipuler et analyser de petits volumes de fluides – et l'ont rincé avec un liquide ressemblant fortement au suc gastrique, déclenchant ainsi un processus de digestion artificielle. La nature compacte de cette installation expérimentale a permis à l'équipe d'effectuer ses expériences à MAX IV à Lund (Suède) et à l'ILL.

« Les techniques de diffusion étaient essentielles pour notre projet car elles permettent d'étudier les processus moléculaires en temps réel et sur plusieurs échelles de longueur simultanément », explique Felix Roosen-Runge, l'investigateur principal de l'étude. En utilisant la diffusion de neutrons aux petits angles (SANS) sur l'instrument D33 de l'ILL, l'équipe a pu déterminer les caractéristiques moléculaires de leurs gels au fur et à mesure de leur digestion. « Avant de commencer le processus de digestion, la diffusion de rayons X et de neutrons a montré que nos gels contenaient des structures plus petites — des molécules de protéines individuelles — et des structures plus grandes, correspondant à des assemblages de protéines », précise Schirone. Le processus de digestion s'est déroulé en deux étapes. Premièrement, le gel réagit à l'environnement gastrique, et les amas de protéines à l'intérieur du gel deviennent plus rigides et compacts. Ensuite, la dégradation des molécules (hydrolyse) commence.

La digestion d'une protéine de pois particulière appelée conviciline semble jouer un rôle particulier. Elle est entièrement hydrolysée au cours de la première étape de la digestion, marquant la transition vers la deuxième phase. Après sa disparition, la réaction se déroule plus rapidement. « La conviciline semble jouer un rôle majeur dans le maintien de la structure du gel. Une fois qu'elle a disparu, le gel est devenu beaucoup moins dense, probablement en raison de l'absence de matrice de support structurel », explique Schirone. Fait important, l'équipe a observé que la conviciline était digérée plus facilement lorsqu'elle faisait partie d'un gel que lorsqu'elle était en solution. Cela a des implications importantes pour le traitement des aliments d'origine végétale afin d'augmenter leur digestibilité. Les chercheurs ont également pu tirer des conclusions sur le comportement des molécules protéiques individuelles. « Les protéines sont devenues plus compactes avant de subir finalement la digestion », explique Felix Roosen-Runge. « Nous espérons que de futures expériences nous aideront à clarifier ces étapes plus en détail. »

Ces expériences représentent une contribution précieuse à la production et à la compréhension du traitement physiologique des aliments d'origine végétale. Ces résultats peuvent être utilisés pour optimiser la digestibilité des protéines végétales, assurant ainsi une utilisation optimale de nos précieuses ressources agricoles limitées. Compte tenu des défis actuels concernant la nécessité de fournir une nutrition durable et saine à une population toujours croissante, de telles connaissances deviennent de plus en plus importantes.


Référence:  Schirone, D., Maischberger, A., Dessì, F., Merten, L., Rahdar, N., Herranz-Trillo, F., Matsarskaia, O., Jeffries, C.M., Del Giudice, R. and Roosen-Runge, F. (2025). Two-step digestion pathways of hydrogels from pea proteins. Journal of Colloid and Interface Science, p.139215.

https://doi.org/10.1016/j.jcis.2025.139215

Instrument ILL : D33